GRAND HOTEL PARADOX [Dubai - UAE] - BLOODY REJECTS [SGP] - THE FURY [SGP] - THE TUJOBELAS [SGP] @ APSARA ASIA DANCE STUDIO, SINGAPOUR, SGP - 05/07/2012
L’été dernier, je suis parti bosser quelques temps à Singapour, petite cité-état coincée entre la Malaisie et l’Indonésie. Me disant que trois mois sans concert de punk rock, ça allait être un peu long, je suis parti en chasse sur Internet.
J’en ai ramené le contact de Shaiful, le boss de Prohibited Projects, qui est à peu près la seule assos du pays. Sympa comme tout, il me donne rendez-vous quelques jours plus tard, le 5 juillet pour une de ses orga. THE TUJOBELAS, THE FURY, RUBIX, TAPESTRY, BLOODY REJECTS, GRAND HOTEL PARADOX… autant dire que je ne connaissais rien de rien à ceux qui devaient jouer.
Après un long trajet en métro, je plonge au cœur du quartier indien, et fini par trouver la petite salle. Mon arrivée ne passe pas inaperçue, car je combine deux particularités : personne ne m’a jamais vu et surtout, je suis le seul blanc. C’est tout con mais mine de rien ça fait très bizarre ! Heureusement, Shaiful et ses potes sont supers cools, et je suis présenté avec le sourire à cette petite bande très lookée (grosses mohawks, blousons cloutés, bretelles, etc), tous d’origine Malaise ; les Chinois ne sortent pas, à Singapour.
C’est assez amusant de discuter de musique avec eux ; certain écoutent du NINE ELEVEN, et ils me parlent de vieux groupes de screamo et de hardcore français des 90’s que je ne connais même pas, ahah. Ils s’accordent tous pour dire que nous n’avons jamais perdu ce « french emo sound » qui apparemment nous caractérise par chez eux.
Le show subit quelques annulations : les RUBIX ne viendront finalement pas, et le guitariste de TAPESTRY est en détention provisoire car la police a trouvé des journaux malais chez lui, ce qui est illégal dans cette belle « démocratie autoritaire » qu’est Singapour.
Le concert commence anyway par les TUJOBELAS, une bande de kids qui doivent passer beaucoup de temps sur Skatepunkers. Ils débaroulent leur punk rock mélo dans le style des SATANIC SURFERS à fond les ballons. Bon, ils ont la pêche et le sourire, mais il reste encore du boulot. C’est bien d’aller vite, mais quand le batteur court devant tout le monde et que la basse traîne des pattes derrière, le rendu est assez moyen. Le chant nage entre deux eaux : pas assez juste pour être mélo mais pas assez viril pour être hurlé non plus, hélas, et il y a de longs vides entre les morceaux… Après, les mecs sortaient tout juste du lycée, c’était quelque chose comme leur troisième concert, et ils devaient tous partir faire leur service militaire de 2 ans en septembre. Ils ont donc toute mon indulgence. Ils finissent sur « Linoleum » de NOFX, en sautant comme des cabris et en foirant toutes les harmonies.
On enchaîne avec THE FURY, et je me rends compte au premier morceau qu’en fait putain, ben je les connais. Après un effort de mémoire, je me souviens que c’est Mademoiselle Noodle qui me les avait dégoté juste avant mon départ, alors qu’ils jouaient sous le nom de MY PRECIOUS. C’est du bon hardcore bien tortueux et chaotique, fronté par une toute petite chanteuse, qui hurle à s’en décoller la rétine. On pourrait d’abord penser à comparer ça à du PUNCH, mais le style du groupe, avec ses petits accès de mélodies et de passages dansants au milieu de toute cette violence le fait plutôt pencher du côté des anglais de ROLO TOMASSI. Quand il est maîtrisé, j’adore ce genre, et c’est le cas ici. Sans trop de débauche technique mais avec plein de bonnes idées par-ci par-là, THE FURY retient vraiment l’attention.
Entre chaque morceau, la chanteuse regarde le public avec un petit air coupable, se tortille les mains puis marmonne un « thank you lah ». C’est vraiment trop mignon de voir à quel point elle est timide et en contraste la violence qui l’habite dès que le groupe est là pour la soutenir.
RUBIX étant absents, c’est le groupe dont le nom m’a complètement échappé de mon nouveau pote Shaiful qui comble l’horaire. Mais par contre j’ai rien compris. Je m’explique : la pièce est plongée dans le noir, à part quelques bâtons d’encens disposés ça et là dans la salle. Le batteur, iroquoise verte dressée, blouson clouté et Docs aux pieds. Le guitariste, en chemise de salary-man, Schecter de métalleux pendue au cou et branchée sur un Mesa Boogie. Au milieu de la salle, un skin à bretelle tire un micro, et se ramène avec un didgeridoo au-dedans duquel il soufflera constamment pour toute la durée du set. Pendant ce temps, Shaiful a ramené un mégaphone, qui contient quelques samples d’alarme. Je crois que c’était du death, un instrumental d’un seul bloc long d’une trentaine de minute. Je ne sais pas si j’ai aimé, mais en tout cas c’était complètement hypnotisant ; surtout l’espèce de fin mystique, tout en larsen et solo de batterie, avec le guitariste exécutant une prière musulmane, bâtonnets d’encens dans les mains. Je le répète : je n’ai RIEN pigé, mais en tout cas il y avait une sacrée ambiance, un petit univers clos créé en quelques minutes.
Pendant que les BLOODY REJECTS s’installent, voilà que débarquent enfin sur le lieu du show la tête d’affiche, GRAND HOTEL PARADOX. Sur les flyers, ils étaient indiqués comme « Dubai expats ». Semi surprise, donc découvrir 3 occidentaux sortir du van qui vient d’arriver sur le parking. Je crois qu’ils sont à la base Irlandais, mais vivent au Moyen Orient depuis déjà de nombreuses années. Je tape un peu la discute avec Chris, le chanteur guitariste qui, prenant connaissance de mon pays d’origine me demande si je connais le seul groupe de punk rock français qu’il a vraiment écouté, GUERILLA POUBELLE…
Le duo guitare-batterie BLOODY REJECTS commence ensuite à jouer. Un coup c’est du black metal, un coup du gros trash old school. Les compos sont vraiment banales et l’absence de basse ne rend vraiment pas service au son du compo. Bof, suivant.
Et là, GRAND HOTEL PARADOX c’est un petit coup de cœur. Les gars ont un sacré charisme, bougent bien, et ont vraiment un son unique. Ils font partit de cette catégorie de groupes qui chantent faux 100% du temps mais où ça sonne quand même, un peu comme le mec de RVIVR. C’est assez compliqué de décrire leur musique, une sorte de punk rock tranquille, à la distorsion légère, plein de dissonances et d’accords tordus importés du jazz. Leurs paroles parlent surtout de DIY et des conditions de vie effroyables des travailleurs asiatiques immigrés dans les Emirats du Sud-Est de la péninsule arabique (lutte partagée par la plupart des groupes de punk de ce coin-là du monde). Leur dernier album est en téléchargement à prix libre sur leur Bandcamp, ça plaira sûrement pas à tout le monde, mais ça vaut l’essai.
Je dis au revoir aux gens, je chope le disque de GRAND HOTEL PARADOX, la gentille chanteuse de THE FURY insiste pour me filer celui de son groupe gratos parce que « ça fait plaisir de voir de nouvelles têtes ». Avec Shaiful, on va dans un food-court se plonger dans les délices de la cuisine asiatique, puis je reprends le métro pour rentrer dans mon quartier d’Ang Mo Kio.
J’en ai ramené le contact de Shaiful, le boss de Prohibited Projects, qui est à peu près la seule assos du pays. Sympa comme tout, il me donne rendez-vous quelques jours plus tard, le 5 juillet pour une de ses orga. THE TUJOBELAS, THE FURY, RUBIX, TAPESTRY, BLOODY REJECTS, GRAND HOTEL PARADOX… autant dire que je ne connaissais rien de rien à ceux qui devaient jouer.
Après un long trajet en métro, je plonge au cœur du quartier indien, et fini par trouver la petite salle. Mon arrivée ne passe pas inaperçue, car je combine deux particularités : personne ne m’a jamais vu et surtout, je suis le seul blanc. C’est tout con mais mine de rien ça fait très bizarre ! Heureusement, Shaiful et ses potes sont supers cools, et je suis présenté avec le sourire à cette petite bande très lookée (grosses mohawks, blousons cloutés, bretelles, etc), tous d’origine Malaise ; les Chinois ne sortent pas, à Singapour.
C’est assez amusant de discuter de musique avec eux ; certain écoutent du NINE ELEVEN, et ils me parlent de vieux groupes de screamo et de hardcore français des 90’s que je ne connais même pas, ahah. Ils s’accordent tous pour dire que nous n’avons jamais perdu ce « french emo sound » qui apparemment nous caractérise par chez eux.
Le show subit quelques annulations : les RUBIX ne viendront finalement pas, et le guitariste de TAPESTRY est en détention provisoire car la police a trouvé des journaux malais chez lui, ce qui est illégal dans cette belle « démocratie autoritaire » qu’est Singapour.
Le concert commence anyway par les TUJOBELAS, une bande de kids qui doivent passer beaucoup de temps sur Skatepunkers. Ils débaroulent leur punk rock mélo dans le style des SATANIC SURFERS à fond les ballons. Bon, ils ont la pêche et le sourire, mais il reste encore du boulot. C’est bien d’aller vite, mais quand le batteur court devant tout le monde et que la basse traîne des pattes derrière, le rendu est assez moyen. Le chant nage entre deux eaux : pas assez juste pour être mélo mais pas assez viril pour être hurlé non plus, hélas, et il y a de longs vides entre les morceaux… Après, les mecs sortaient tout juste du lycée, c’était quelque chose comme leur troisième concert, et ils devaient tous partir faire leur service militaire de 2 ans en septembre. Ils ont donc toute mon indulgence. Ils finissent sur « Linoleum » de NOFX, en sautant comme des cabris et en foirant toutes les harmonies.
On enchaîne avec THE FURY, et je me rends compte au premier morceau qu’en fait putain, ben je les connais. Après un effort de mémoire, je me souviens que c’est Mademoiselle Noodle qui me les avait dégoté juste avant mon départ, alors qu’ils jouaient sous le nom de MY PRECIOUS. C’est du bon hardcore bien tortueux et chaotique, fronté par une toute petite chanteuse, qui hurle à s’en décoller la rétine. On pourrait d’abord penser à comparer ça à du PUNCH, mais le style du groupe, avec ses petits accès de mélodies et de passages dansants au milieu de toute cette violence le fait plutôt pencher du côté des anglais de ROLO TOMASSI. Quand il est maîtrisé, j’adore ce genre, et c’est le cas ici. Sans trop de débauche technique mais avec plein de bonnes idées par-ci par-là, THE FURY retient vraiment l’attention.
Entre chaque morceau, la chanteuse regarde le public avec un petit air coupable, se tortille les mains puis marmonne un « thank you lah ». C’est vraiment trop mignon de voir à quel point elle est timide et en contraste la violence qui l’habite dès que le groupe est là pour la soutenir.
RUBIX étant absents, c’est le groupe dont le nom m’a complètement échappé de mon nouveau pote Shaiful qui comble l’horaire. Mais par contre j’ai rien compris. Je m’explique : la pièce est plongée dans le noir, à part quelques bâtons d’encens disposés ça et là dans la salle. Le batteur, iroquoise verte dressée, blouson clouté et Docs aux pieds. Le guitariste, en chemise de salary-man, Schecter de métalleux pendue au cou et branchée sur un Mesa Boogie. Au milieu de la salle, un skin à bretelle tire un micro, et se ramène avec un didgeridoo au-dedans duquel il soufflera constamment pour toute la durée du set. Pendant ce temps, Shaiful a ramené un mégaphone, qui contient quelques samples d’alarme. Je crois que c’était du death, un instrumental d’un seul bloc long d’une trentaine de minute. Je ne sais pas si j’ai aimé, mais en tout cas c’était complètement hypnotisant ; surtout l’espèce de fin mystique, tout en larsen et solo de batterie, avec le guitariste exécutant une prière musulmane, bâtonnets d’encens dans les mains. Je le répète : je n’ai RIEN pigé, mais en tout cas il y avait une sacrée ambiance, un petit univers clos créé en quelques minutes.
Pendant que les BLOODY REJECTS s’installent, voilà que débarquent enfin sur le lieu du show la tête d’affiche, GRAND HOTEL PARADOX. Sur les flyers, ils étaient indiqués comme « Dubai expats ». Semi surprise, donc découvrir 3 occidentaux sortir du van qui vient d’arriver sur le parking. Je crois qu’ils sont à la base Irlandais, mais vivent au Moyen Orient depuis déjà de nombreuses années. Je tape un peu la discute avec Chris, le chanteur guitariste qui, prenant connaissance de mon pays d’origine me demande si je connais le seul groupe de punk rock français qu’il a vraiment écouté, GUERILLA POUBELLE…
Le duo guitare-batterie BLOODY REJECTS commence ensuite à jouer. Un coup c’est du black metal, un coup du gros trash old school. Les compos sont vraiment banales et l’absence de basse ne rend vraiment pas service au son du compo. Bof, suivant.
Et là, GRAND HOTEL PARADOX c’est un petit coup de cœur. Les gars ont un sacré charisme, bougent bien, et ont vraiment un son unique. Ils font partit de cette catégorie de groupes qui chantent faux 100% du temps mais où ça sonne quand même, un peu comme le mec de RVIVR. C’est assez compliqué de décrire leur musique, une sorte de punk rock tranquille, à la distorsion légère, plein de dissonances et d’accords tordus importés du jazz. Leurs paroles parlent surtout de DIY et des conditions de vie effroyables des travailleurs asiatiques immigrés dans les Emirats du Sud-Est de la péninsule arabique (lutte partagée par la plupart des groupes de punk de ce coin-là du monde). Leur dernier album est en téléchargement à prix libre sur leur Bandcamp, ça plaira sûrement pas à tout le monde, mais ça vaut l’essai.
Je dis au revoir aux gens, je chope le disque de GRAND HOTEL PARADOX, la gentille chanteuse de THE FURY insiste pour me filer celui de son groupe gratos parce que « ça fait plaisir de voir de nouvelles têtes ». Avec Shaiful, on va dans un food-court se plonger dans les délices de la cuisine asiatique, puis je reprends le métro pour rentrer dans mon quartier d’Ang Mo Kio.
**Marc Tranchant**
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