dimanche 4 août 2013

BELVEDERE [CAN] - ADRENALIZED [SP] - TWO MINUTES FOR @ SALEM, LE HAILLAN - 04/08/2013

« La préparation, c’est la clef », nous disait toujours le sergent-chef. Toujours étudier le terrain, étudier différentes approches. Prévoir des portes de sortie, avec des itinéraires croisés. Tout prévoir pour s’adapter sans improviser. Solide comme un chêne mais agile comme le roseau.

C’est pour ça que j’étais un peu surpris en  descendant du bus à l’adresse indiquée. Une putain de zone industrielle. Des hangars, des ronds-points et des magasins de piscines. Trois jets de grenade plus loin, un lotissement dortoir avec des rues qui portent des noms de fleur. Et pas un seul morceau de punk rock mélo à l’horizon.

« T’as encore chié dans la colle, soldat ? ». La voix dure du sergent chef résonnait dans ma tête. Je ne l’imaginais que trop bien, sa colère croissante ; ses sourcils, épais comme une pinte de Guiness, se rejoignant au milieu de son front. Sa petite veine palpitant à la tempe.

Me ressaisissant, je fis ma check-list. J’étais bien dans la commune du Haillan, au bon arrêt… Suffisait d’ouvrir les mirettes, je repère sur un grand panneau le nom du studio de répétition où a lieu le concert, coincé entre le logo d’un magasin d’électroménager discount et un déprimant centre de formation. Me voilà arrivé au Salem.

Il y a déjà pas mal de monde de présent. En se baladant devant le merch, on entend de l’espagnol et de l’anglais. La soirée s’annonce encore une fois internationale. Au moment de payer ma place, je prends toutefois conscience d’une terrible vérité : j’ai oublié de retirer du flouze en partant de Bordeaux City. Et je suis au milieu d’une goddamn zone industrielle. Fermée. « Tu n’es qu’un incapable ». Cette fois, c’était la voix de mon père. Je ferme les yeux, je sers les poings. Je réprime un sanglot. Je vais donc devoir me taper un putain d’aller-retour à pied jusqu’au “““centre-ville””” du Haillan alors que le show est sur le point de commencer. Ta mère la préparation.

Ma joyeuse ballade expiatrice terminée, j’arrive au milieu du set de TWO MINUTES FOR. Ils sont bordelais et ils sont dans le ton de la soirée avec leur punk rock mélo teinté de petites touches techniques. Je ne vois que trois ou quatre morceaux, mais c’est vraiment pas dégueu, notamment « Promises » et « Dirty Kids », avec ses harmonies vocales réussies. Ça manque peut-être d’un peu de punch et de présence sur scène, mais on passe un bon moment et y a du potentiel.

Les groupes jouent sur la même batterie donc le changement de plateau se fait rapidement. Le concert respecte presque son horaire. Les espagnols d’ADRENALIZED arrivent donc sur scène pour nous doser. J’avais découvert et schtroumpfé leur opus « Docet Umbra » en 2010 sur Skatepunkers. Comme le nom du site sus-cité le laisse supposer, ADRENALIZED jouent donc du skatepunk à fond les ballons. Et quand je dis « à fond les ballons », c’est que même le sergent-chef aurait marqué une pause circonspecte avant de gueuler « Plus vite, soldats ! ». Et de là vient peut-être le couac.

Je m’explique : premièrement, le gros des morceaux est composé d’accords de puissance. Enchaînés à une vitesse et une propreté ahurissante, certes, mais ça reste des accords de puissance. Ne nous y trompons pas, la musique d’ADRENALIZED est très technique, mais là où je veux en venir, c’est qu’à cette vélocité, tous leurs morceaux finissent par se ressembler. Il y a bien une ligne de chant catchy ici, un solo en tapping harmonisé par là et un riff efficace de l’autre côté ; mais au final, tout se ressemble un peu. Et c’est dommage, parce que j’ai quand même acheté ce soir-là le skeud que j’avais downchargé trois ans plus tôt, et qu’il est vachement bien. Mais il dure 20 minutes, là où la prestation scénique est évidemment plus longue. Le sergent-chef aurait ici fait une métaphore avec sa sexualité que je vais vous épargner, mais ce que je veux dire au final, c’est que le groupe est cool mais qu’en concert c’est un peu fatiguant sur la fin. Les quatre fans espagnols ayant accompagné les musiciens pourront néanmoins me contredire, au taquet qu’ils étaient du début à la fin du set.

De la tête d’affiche, BELVEDERE, je ne connaissais finalement que peu de choses : qu’ils sont canadiens, qu’ils se sont formés dans le milieu des années 90 et que leur nom est tout le temps cité à côté d’autres comme LAGWAGON ou NO USE FOR A NAME. C’est donc bien du punk mélo encore teinté de technique, dans le pur style Fat Wreck 90’s. Les compos sont supers catchy, le public se motive enfin. Toute la salle chante en c(h)œur quand ce dernier n’est pas compressé dans le pogo permanent. C’est carré, même si ça tricote un peu moins bien qu’ADRENALIZED (« J’ai jamais passé ce solo une seule fois de ma vie, ya genre vingt notes où je fais juste *tidoutidududidou* avec les doigts en attendant que ça passe ! »). Steve, le frontman, est très charismatique, et a l’air d’avoir beaucoup de mal à ne pas faire de grimaces pendant qu’il joue. Dans le fond, le batteur assure mais a très mauvaise mine ; il galère encore plus qu’une bleusaille à l’entraînement sous le commandement du sergent-chef. Un petit rappel plus tard et c’est fini.

Le dernier bus est déjà passé, mais ça, au moins, c’était prévu. Le temps que BELVEDERE rembarquent tous leur matos dans leur colossal van et que les filles de Rock’n’Roll Agreement rangent le reste, et c’est le convoi direction Bordeaux City. Je tiens d’ailleurs à préciser qu’Audrey des Agreements est tellement badass qu’elle allume le tableau de bord de sa voiture à coup de poings.

En voilà une qui aurait plu au sergent-chef.  **Marc Tranchant**

Des photos ICI

photo piquée sur le FB de Two Minutes For

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