vendredi 25 janvier 2013

ENTER SHIKARI [UK] - CANCER BATS [CAN] @ LA CIGALE, PARIS, FR - 25/01/2013

    Quand j’étais ado, entre 2006 et 2009, la mode était au emo. Pas celui de JAWBREAKER ou des maintenant regrettés RAVI, mais celui des majors (ou des très gros labels indé), qui accolaient ce terme à n’importe quel groupe pour peu que les musiciens arborent de longues mèches, qu’ils mélangent voix de castra et growls et qu’ils foutent des mosh parts n’importe où. C’était surtout devenu une histoire de look, et surtout pas de punk rock.

    Du tas de groupes qui ont émergé à ce moment-là, il y a eu beaucoup de déchets, mais aussi plein de vrais talents. Des formations comme BRING ME THE HORIZON n’ont fait que s’améliorer, album après album, depuis cette époque un peu bordélique. Parmi ceux-là, il y a eu ENTER SHIKARI.

    Bien longtemps avant que Victory Records inonde le monde de ses groupes de emocore/screamo/metalcore/dancecore/whatever mélangeant «heavy music» avec des «poppy keyboards», les anglais d’ENTER SHIKARI expérimentaient déjà cette mixture de post-hardcore et de musique électronique. On est toute une génération à avoir été soufflée par «Sorry you’re not a winner», leur tout premier tube.

    Et début 2012, les mecs se ramènent avec «A Flash Flood Of Colour», un album monstrueux où rien n’est à jeter, et où ils continuent de prendre des risques, avec notamment quelques sonorités dubstep sur leurs breakdowns. Cette fois-ci, j’allais pas louper la tournée, d’autant plus que même les détracteurs du groupe ont toujours concédé que «bon par contre c’est vrai que ça envoie sec en live».

    Et donc un an plus tard, c’est en ce frisquet 25 janvier 2013 que quelques amis et moi-même sommes partis direction la Cigale, à Paris, pour retrouver ces années où les MY CHEMICAL ROMANCE venaient de sortir «The Black Parade», où «Bullet For My Valentine» posaient leurs pénis sur la table avec «The Poison» et où on allait mater les emo-girls le mercredi après-midi sur la place des Terreaux.

    On joue bien notre coup en décidant de se ramener à la salle légers : on va passer une bonne demie heure à avoir très très froid dans la file, mais au moins on saute la case consigne pour venir se placer contre la barrière. La Cigale est vraiment une salle magnifique, un espèce de vieux théâtre à taille humaine, tout à fait à mon goût;

   Pendant que la salle se remplit doucement, un blondinet se ramène sur scène et commence à mixer. Il ne s’est pas présenté et n’est pas à l’affiche, ce qui du coup me donne envie de lui dire que la Boule Noire, c’est juste à côté, mais le bonhomme fera bien un set complet. C’est pas mal, de l’électro bien heavy avec des beats de métalcore, c’est assez agréable pour commencer. Le public est d’ailleurs très réceptif, au moindre temps mort une large clameur salue la prestation du DJ. Il a l’air tout heureux et assez surprit de l’accueil qui lui est réservé. Illustre inconnu, merci pour ton concert.

    Pendant que les lumières se rallument, je jette un regard derrière moi pour étudier un peu la faune présente. Ya des kids certes, mais comme je m’y attendais, la majorité de la salle tourne autour des 20 ans. ENTER SHIKARI n’ont pas des masses renouvelé leur public, mais il est toujours présent. Ce n’est pas complet, mais c’est bien plein. On distingue par ailleurs très nettement ceux venus pour la tête d’affiche et ceux présents uniquement pour CANCER BATS.

   C’est d’ailleurs au tour des canadiens de monter sur les planches, et à les voir je me dis que c’est pas des mecs contre qui j’irai pogoter en concert. Massifs, couverts de tatouages mais le sourire jusqu’aux oreilles, ça débaroule du New York Hardcore bien gras, avec un son de basse à tomber par terre. Ca headbang, ça saute, ça hurle et ça lève les poings, autant sur scène que dans le public. Un énorme circle pit lancé par le chanteur occupera tout le parterre sur «Bricks And Mortar». La batterie tabasse, et tout le monde s’amuse comme des p’tits fous. Quelques phrases dans un français presque parfait viendront encore augmenter le capital de sympathie du groupe, heureux que ses fans se fassent entendre sur la totalité des morceaux. Une reprise des BEASTIE BOYS («Sabotage») pour la route et ont achève avec «Hail Destroyer» et «R.A.T.S ».

   Changement de plateau avec une piste sonore donnant un compte à rebours toutes les minutes avant le début du show. C’est assez efficace pour faire monter la pression, d’autant que nous savons tous très bien par quelle chanson ENTER SHIKARI vont commencer.

                                                             One Minute Before The Show…

   Les premiers accords de System/Meltdown retentissent, je commence à avoir des frissons. Le groupe fait son entrée, les trois piliers-écrans placés sur scène s’illuminent. On a droit à ce putain de crescendo de deux minutes jusqu’à la première mosh part du concert. La guerre. Le sol de la Cigale fait wub wub sous le poids de la frénésie. On ne m’avait pas menti, ces musiciens sont des tarés. Ils jettent leurs grattes en l’air, montent puis sautent de leurs structures ; le batteur a manifestement bien récupéré depuis le show de Bordeaux où il était encore tout malade. Il fait très chaud, on se fait écraser, et on préfère utiliser les rares moments où l’on pourrait respirer pour chanter en chœur avec toute la salle. Les chansons s’enchaînent quasi sans temps morts jusqu’au moment que beaucoup attendent.

                                                               Sorry, you’re not a winner.

    Les bras se lèvent bien haut, et comme une seule personne, le public balance les trois claquements de main qui lancent le couplet de cette chanson qui a jadis rythmé nos soirées sur MSN à essayer de choper un rencard à la Marquise avec ScreamyBeth09. A la fin, je suis lessivé, j’arrive plus à respirer. Il est temps de prendre un peu de distance avec la fosse. Ca me permet de regarder un peu mieux ce qu’il se passe autour de moi. Le light show est excellent, ça se sent que le spectacle est travaillé de bout en bout et que monsieur lumière à la régie doit pas avoir beaucoup le temps de s’ennuyer. Je constate aussi que j’aurais sans préféré un mix sonore un poil moins en faveur des machines, mais bon, ça passe. Je profite tranquillement de «Warm Smiles Do Not Make You Welcome Here», une de mes chansons préférées du dernier album, quand la ballade «Gap In The Fence» vient un peu calmer le jeu. Ca se sent que les gens commencent à être un peu crevés.

                                                                  Crushing all in its path...

    Et là je le sens venir. Qu’est-ce qu’ils peuvent bien caler après un temps mort ? Ils ont quoi déjà comme intro qui arrache ? Je sais pas encore exactement quoi mais je le sens venir. Ca va être énorme. Rou se rapproche de son clavier, Rory porte son médiator à sa bouche. Au moment où je fais un pas en avant pour rejoindre la fosse, «Juggernaut» explose.

    C’est l’apogée du concert. On donne tout ce qu’il nous reste et eux aussi. Un petit «Mothership» pour finir et le groupe quitte la scène. Sauf qu’on a encore faim, et que donc rappel. Ils nous offrent le combo Constellations/Pack of Thieves, et je m’y sens très bien. Une ambiance à la fois smooth et rythmée. Je suis en transe.

    Un dernier coup de testostérone avec «Zzzonked», et cette fois c’est vraiment finit. Le guitariste saute dans la foule, et se mets debout sur sa SG elle-même portée à bout de bras par le public, un mec se jette des balcons. Rob, le batteur, remercie chaleureusement la salle pour l’accueil qu’ils ont reçu. Je constate une fois les lumières allumée que des perles à rastas jonchent le sol, mais j’ai beau chercher, je ne trouve pas le corps du hippy qu’on a piétiné. On regroupe les copains qui se sont un peu éparpillés, car il est l’heure de revenir dans notre Nord d’adoption.

    Cela faisait six ans que j’attendais de les voir en concert. Ca valait le coup d’attendre.

**Marc Tranchant**

autre flyer : 

 

7 commentaires:

  1. Très bonne review ! Merci !

    Pour info, le mec en toute première partie c'était Algorithm et il était bien à l'affiche ;)

    Bonjour du Nord !

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  2. Parfait ! Merci beaucoup !

    Dommage que tu ne mentionnes pas la TRÈS BONNE mise en scène lors de la chanson Antwerpen (où après le "If we travel back in time", ils sont PARFAITEMENT synchros entre eux et avec les lumières)

    Et oui, The Algorithm était à l'affiche.

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  3. Rory était malade à Bordeaux, pas Rob, lui était en pleine forme..

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  4. Oi, ici l'auteur,

    Pour qui était malade à Bordeaux, je me suis basé sur le report de Metal Sickness ;) http://tinyurl.com/akpk7wp

    Et pour ma propre information, où était annoncé Algorithm? Il n'était pas sur mon billet et je n'ai vu l'info nulle par ailleurs...

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  5. Yo l'auteur !

    Ici, sur l'affiche !
    https://fbcdn-sphotos-c-a.akamaihd.net/hphotos-ak-prn1/554531_10152432507600483_2033985760_n.jpg

    sinon bonne review!

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  6. Avec un copain on croqué la soirée…
    https://croqueandrolllive.wordpress.com/2013/01/28/nicolas-barberon-olivier-martin-enter-shikari/

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    1. Waouh! Les dessins coloriés en particuliers symbolisent bien l'énergie du show ;)

      Et donc le barbu nonchalant avec un calepin qui était sur le balcon à droite de la scène était une moitié de votre du duo, ou je me trompe?

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